"Tous ceux qui veulent protéger une société démocratique, ouverte, doivent absolument exprimer leurs opinions avec confiance, avec joie, et avec humour. Et l’art permet précisément d’explorer et d’expérimenter ces modes d’approches de la réalité, à la fois critiques et procurant du plaisir." Ralph Rugoff

Des habitants d’un village au bord de la mer

Comment le village au bord de la mer s’est transformé en ZAD

Il était une fois, un petit village au bord de la mer, et ses habitants : il y a la petite fille, la grand mère, le pêcheur, le commercial, la surfeuse, et les jumeaux : l’un géologue, l’autre océanographe.
Entre leur village et la mer, il n’y a que la plage et ses dunes.

La petite fille va souvent à la plage pour jouer, elle peut courir, faire des châteaux, ramasser des coquillages, observer les mouettes, les crabes, rencontrer de nouveaux amis, apprendre la voile, et se baigner l’été. La plage lui apporte énormément de bonheur, un bonheur simple et gratuit.

La grand mère aussi aime s’y promener. Elle se souvient du temps où elle embrassait son époux défunt au couché du soleil, elle se souvient des tempêtes, elle sait que c’est grâce aux belles dunes que le village est encore debout, intact. Ici sont ses souvenirs, sa mémoire, sa paix.

Le pêcheur sait que son métier est dangereux, dans sa jeunesse, 2 de ses collègues sont mort en mer, marin-pêcheur est un des plus dangereux métier au monde, le prix de la mort de tous ces poissons et crustacés, vaut bien quelque humains noyés.. Et pourtant il l’aime son métier.
Il connait bien cette plage, et surtout ce petit bout d’océan. Il en dépend pour vivre, il pêche raisonnablement son poisson, car il sait qu’il ne faut pas piller l’océan puisque c’est ce qui lui permet de vivre.

Le commercial aime les chiffres, surtout ceux accompagnés d’un « € » .. Il aime tout organiser, tout diriger, il n’aime pas l’imprévu. Il a besoin de routine et de confort, car au fond il manque de confiance en lui, il a peur, toujours, peur de manquer, peur de vieillir, peur de mourir, peur de disparaitre sans laisser de trace, peur qu’un jour, on l’oublie à tout jamais, car après au fond, il est comme tous les êtres humains : un grain de poussière dans l’univers.

La surfeuse, ah elle, elle l’aime cette plage ! Pour elle l’océan c’est source d’adrénaline, même en hiver elle plonge dedans ! Surfer ça ça la reconnecte à quelque chose de grand, qui nous dépasse. Quand elle prend une vague, elle fait l’amour avec l’océan, le temps d’un instant et dans un orgasme d’écume elle se sent plus en vie que n’importe qui.

Les jumeaux ont grandit ici, et même si ils sont partis étudier à Paris, c’est grâce a cette plage qu’ils se sont passionnés dans ces 2 domaines. Ils ont toujours voulu comprendre le monde qui les entoure. Étudier les courants marins et la géologie ça leur à permis d’obtenir beaucoup de réponses. Connaitre le passé pour comprendre le présent et deviner l’avenir.

Tout le monde vivait en paix au village. La petite fille et ses châteaux de sable. Le pêcheur et son poisson. La surfeuse et ses vagues, la grand-mère et ses souvenirs, les jumeaux et leurs savoirs.
Mais le commercial n’était pas en paix avec lui même, lui il n’avait que sa peur.

Il se mit a faire ce qu’il savait le mieux, non pas parce que ça lui plaisait, mais plutôt parce qu’il y avait moins de risque d’échouer en la matière. C’était plus « confortable ». Il se mit a compter les €uros, et fit vite fortune. Mais ça ne lui suffisait pas, « ce n’est pas parce qu’on est riche qu’on ne nous oublie pas ».

Mentalement, il est un peu semblable aux chiens mâles, il a besoin de laisser sa trace un peu partout.

Pour pouvoir tout diriger il devint maire du village, puis bientôt président de la communauté de commune.
Vu qu’il avait assez d’argent pour faire de bonnes campagnes, il fut « élu » sans soucis…

Et un jours il eu une idée : transformer la plage en port, comme ça il pourrait enfin laisser sa trace, même après sa mort, personne ne l’oublierait avec ce port !!

La grand mère, et ses souvenirs, il s’en fout, elle, on l’oubliera bientôt. Et puis c’est pas avec sa retraite de misère qu’elle va pouvoir lui faire un procès pour empêcher son projet.

La petite fille et son château de sable, arf, elle se contentera d’une micro-plage artificielle, un bac a sable au fond du port, et tant pis si hygiéniquement c’est pas top, tant pis si il n’y a plus d’animaux a observer… on mettra des jouets en plastiques à la place.

La surfeuse, elle n’a qu’a aller surfer à ZAP la vague, ce projet de surf park artificiel, qui va détruire des terres agricoles pour créer une vague artificielle régulière et infinie, bourrée de chlore. En plus à 50e de l’heure, ça la motivera a bosser cette sale babos.

Le pêcheur ? il peut continuer à pêcher, il n’a qu’a travailler sur les gros rafiots d’intermarché, qui partent beaucoup plus loin en mer, pour 1 semaine de pêche intensive, sous cocaïne, à racler les fonts marins pour abreuver les supermarché de milliards de poissons, qui pour la plupart finiront à la poubelles..

Les jumeaux scientifiques ont beau lui dire que ce projet ne tiens pas debout, qu’il est dangereux, le maire n’en a rien a faire, il déteste qu’on le contredise. Il déteste avouer ses erreurs, il ne veux pas qu’on retienne de lui que ce n’était qu’un looser susceptible.

Tant pis pour ceux qui n’en veulent pas. De toute façon ils ont bien moins d’argent que lui, alors ils ne pourront rien faire !
Aujourd’hui, Il faut de sacrés moyens financiers pour faire entendre sa voix juridiquement…

Et ça, ça s’appelle la Démocratie.

Mais la grand-mère, la surfeuse, le pêcheur, les frères scientifiques, et la petite fille, n’arrivaient pas à accepter ça. Alors ils ont créé une ZAD, une ZONE A DÉFENDRE, sur le lieux du futur port, et ils restent la, à habiter la zone pour empêcher le chantier de commencer.
Très vites, plein d’autre personnes très différentes sont venues les rejoindre, par pur empathie, par volonté de laisser un peu de nature aux prochaines générations humaines et animales…

Et même si ils sont tous très différents, qu’il n’y a pas de chef, tout le monde s’exprime, s’écoute, et tout le monde avance.
Seul le chantier mortifère du maire-commercial n’avance pas !

Ça s’appelle l’anarchie.

L’anarchie c’est le respect de tout ce qui vie.

Et l’anarchie est en train de sauver ce petit morceau de littorale français à Bretignolles, ce petit coin de forêt à Roybon, ces terres agricoles à Oloron,…

Et même si parfois, on perd une lutte, on perd une ZAD, comme à Kolbsheim ou Casteljaloux, on ne perd jamais l’âme de la ZAD.
Car les Zadiens, sont une espèce très « volatiles » des sortes d’oiseaux de passages dans un nomad’land d’humanité.

L’anarchie fait peur à bon nombre de politiciens-commerciaux-magouilleurs, car l’Anarchie, contrairement à eux, elle est immortelle… il y aura toujours des gens libres et conscients pour la faire vivre.

Ils suffiraient à ces quelques politiciens corrompus, de méditer au bord de la mer, perchés en haut d’une de ses dunes qu’ils veulent détruire, pour que, face à l’océan, ils se libèrent de leurs prisons de peur, redeviennent eux aussi des êtres libres et conscients, car ne l’oublions pas, celui qui souffre le plus depuis le début de l’histoire, c’est bien celui qui ressent constamment la peur.

Merci d’avoir lu, c’était une histoire que mon cerveau m’a chuchotée dans la tête, hier (le 15 février 2020) à 4h du matin..

Licence creative commons BY-SA

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